Traverser un burn-out

Burn-out : lettre ouverte aux proches

Conjoint, amis, parents : c’est à vous que j’aimerais parler aujourd’hui. Vous qui êtes de l’autre côté du miroir, vous dont on parle peu alors que la déflagration du burn-out ne vous a pas épargnés. Vous qui aimeriez tant pouvoir aider un proche en burn-out.

Aux amoureux d’abord, ceux qui savent tout des nuits sans sommeil, des larmes jusqu’à l’épuisement, de l’effondrement physique. Et puis les amis, les parents, les collègues. Ceux auprès de qui on voudrait tellement garder notre image intacte, de peur de perdre leur amour en révélant l’ampleur du gouffre qui grandit en nous. Alors, sans pourtant avoir bougé d’un millimètre, on s’éloigne inexorablement.  

Il est si fragile, c’est vrai, ce lien qui nous relie les uns aux autres. Parfois, la vie frappe et on n’arrive plus à s’atteindre, à se comprendre. Le burn-out est de ces tempêtes qui se lèvent sans prévenir, et qui détruisent beaucoup au passage : alors comment aider ? Comment entourer cet autre qu’on aime tant, dans son combat sans merci contre un mal invisible ? 

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Entendre et accueillir  

Quand quelqu’un qu’on aime est en détresse, le premier réflexe est souvent de chercher une solution à son mal-être. Vous pouvez donc être tenté de basculer dans le conseil vis à vis d’une personne de votre entourage qui ne va pas bien. Pourtant, la solution, la guérison, vous ne pouvez pas la trouver pour l’autre : elle est en lui, en elle, propre à chacun.

Le burn-out ça fait peur, c’est difficile de regarder la vérité en face, je le comprends si bien. Et pourtant, je vous en supplie : n’évitez pas le sujet, ne minimisez pas la détresse de l’autre. Entendez la. Acceptez qu’on peut avoir 30 ans, une jolie vie, une famille, des amis et malgré tout avoir envie de disparaître de désespoir et de honte. Entendre ce n’est pas nécessairement comprendre, qui pourrait d’ailleurs vraiment comprendre l’ampleur de la souffrance sans l’avoir vécue ? Entendre c’est accueillir, même l’inacceptable, car c’est la réalité de la personne qui est en burn-out, et si vous saviez combien il lui en coûte de l’admettre. 

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Comprendre ce qu’est le burn-out 

Tout le monde a déjà entendu parler du burn-out, mais un approfondissement est nécessaire pour pouvoir aider une personne touchée dans votre entourage. Il s’agit de comprendre les mécanismes qui peuvent mener au burn-out, les symptômes les plus courants (j’ai écrit un petit guide à ce sujet, téléchargeable sur mon site), pour mieux appréhender la situation.

Comprendre le burn-out, c’est aussi s’ouvrir à la possibilité d’aider un proche qui n’aurait peut-être pas conscience de sa situation, tout en douceur. Le meilleur conseil que je pourrais vous donner à ce moment là, c’est d’évoquer avec lui l’opportunité de voir un médecin de confiance. En tant que proche, vous faites partie des mieux placés pour repérer le burn-out, mais voir un médecin est indispensable par la suite pour remonter la pente. 

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Le jugement et la panique

Mieux comprendre le burn-out permet d’éviter deux écueils courants : le jugement et la panique. 

Tout d’abord le jugement. Car on a tous des vies à cent à l’heure, et des moments de fatigue passagère. Vous pourriez alors penser que la personne en burn-out exagère, qu’elle n’a qu’à prendre du repos ou démissionner, et que vous avez aussi vos problèmes. Le jugement, c’est la réaction la plus “facile”, et pourtant celle qui nous éloigne le plus les uns des autres. En vous renseignant sur le burn-out, vous saurez plus facilement faire la part des choses et identifier une situation où l’un de vos proches est réellement “à risque”. 

Ensuite, il s’agit d’éviter la panique car les symptômes peuvent être inquiétants, à la fois physiquement et moralement. Physiquement, c’est le corps qui dit stop, et cela peut se traduire par des malaises, des crises d’angoisse, de spasmophilie, ou encore une perte de poids rapide et importante. Moralement, lorsque vous comprenez qu’un proche fait un burn-out, dites vous que vous ne voyez que la partie émergée de l’iceberg : cela fait probablement des semaines ou des mois qu’il sent au fond de lui que quelque chose ne va pas, et cela peut avoir un énorme impact sur son bien-être mental. Il n’est pas rare d’avoir des idées noires dans ces moments là, et le savoir vous aidera à garder la tête froide pour aider au mieux.

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Les liens du corps et de la parole

L’isolement est une des conséquences les plus courantes du burn-out : on cherche à cacher ce que l’on vit, et on n’a plus d’énergie, donc naturellement on s’isole, on voit moins de gens, on arrête nos activités… Et on a besoin de vous pour maintenir le lien. 

Pour certains, c’est difficile : peur de blesser, de mal faire, de ne pas trouver les mots justes. Je le comprends, et pourtant soyez en certains : rien n’est pire que le silence et l’indifférence face au burn-out. 

Face à un proche en burn-out : resserrez le lien physique, ne lâchez pas sa main. Il a besoin de votre regard qui soutient, qui comprend, qui pardonne. De vos bras autour de lui, de vos mains qui serrent les siennes. Le corps est celui qui envoie les signaux d’alerte du burn-out :  il est alors fragilisé et a besoin d’être touché, rassuré, chéri, choyé. Si vous saviez les tempêtes qu’il traverse, seul dans le noir. 

Veillez également à toujours maintenir le dialogue. Il ne s’agit pas de grands discours, surtout si vous avez peur de prononcer des mots maladroits, blessants parfois. Il suffit juste de dire : je suis là. Ca ira. Ce moment aussi passera. Et si vous ne savez pas quoi dire, vous pouvez aussi tout simplement écouter. Les mots, les pleurs ou juste la respiration qui se calme à votre contact. 

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Du temps, du temps et encore du temps

Aider un proche en burn-out n’est pas facile, cela requiert douceur et patience. La personne avance à son rythme. Elle seule sait quand elle se sent prête à voir un médecin, arrêter ou retourner au travail, diminuer un traitement. L’une des grandes frustrations du burn-out, c’est de ne pas savoir comment et quand on ira mieux. 

Alors il faut apprendre la patience, en gardant l’espoir intact car je vous le promets :  il y a un après. Pas un après où on redevient “le même”. Après un burn-out, plus rien n’est pareil, de cela il faut faire le deuil : nous ne serons plus jamais le ou la même. Et quelque part, vous non plus. Le burn-out transforme, après l’avoir traversé on devient de ces vases fêlés à travers lesquels passe désormais une douce lumière. On se souvient pour toujours ensuite, avec une acuité particulière, de cette période. Comme une cicatrice qu’on arbore fièrement, car elle marque le début d’une nouvelle vie. 

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Pour aider : osez demander de l’aide

J’ai évoqué il y a quelques semaines le piège de la honte, dans lequel on entre lorsqu’on vit un burn-out. La honte qui grandit sournoisement, qui crucifie, qui paralyse.

Le burn-out est une bombe, et sa déflagration vous touche aussi en tant que proche. Vous aussi, vous vivez une situation difficile et vous risquez d’entrer dans le cercle de la honte. Alors osez faire un pas de côté, en parler autour de vous. Osez dire que c’est lourd, que c’est dur, que ça fait peur et froid à la fois. Prenez votre place dans la chaîne profondément humaine des proches de personnes touchées par le burn-out. Osez demander de l’aide quand on pèse trop lourd pour vos bras. Osez demander des conseils à quelqu’un qui est passé par là. Vous aussi vous êtes humains, vulnérables, et vous avez besoin de soutien. It’s ok.

Je vous souhaite énormément de courage, de patience et de bienveillance pour prendre soin d’un de vos proches en burn-out. Ce sont, malgré les difficultés, des moments qui rapprochent. Et qui renforcent notre humanité, notre capacité à demander sincèrement aux personnes autour de nous si elles vont bien. A poser une main sur un bras, à prendre le temps, de temps en temps. On ne sait souvent rien du combat intérieur que mènent les autres. Pourtant, un geste, un mot, ont parfois le pouvoir de tout changer. 

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14 thoughts on “Burn-out : lettre ouverte aux proches”

  1. Merci beaucoup pour cet article ! C’est une approche super intéressante de s’intéresser aux proches et de les conseiller. Je pense qu’il est facile de ne pas savoir comment agir face à un proche qui est dans une telle situation et ton article offre plein de pistes !

    1. Merci Yannick, tu remarqueras tout de même que j’ai mis 5 mois avant de parler des proches, les pauvres ^^ Mais effectivement ça me semblait important ! Bonne journée

  2. Bonjour Laura!

    Je te remercie pour cet article très inspirant. J’ai étudié le burn-out maternelle (aussi appelé épuisement maternel) et tes conseils me font aussi écho.

    Je pensais savoir aider uniquement les mamans, mais je vois, avec tes conseils, je saurais aussi accompagner un proche qui fait un burn-out.

    Je pense que c’est important, car dans notre société, de plus en plus de gens sont touché par cela. Alors encore merci pour ton article et ton blog.

    1. Bonjour Shirley, tu touches à un sujet super intéressant que je ne connais pas bien : le burn-out maternel. Je suis ravie si mon article t’aide sur ce syndrôme là également. Bonne journée

  3. Merci merci pour cet article. Je retiens une chose: entendre et accueillir, sans donner de conseils. C’est ce qui permet de pouvoir s’exprimer, vider son sac, ses émotions, son trop plein,…sans ressentir le poids de la honte et de la culpabilité.
    Pour avoir vécu un burn out parental, j’ai trop souvent entendu « tu as essayé ci? », « tu as essayé ça? »… oui, j’avais tout essayé. Et non, je n’avais plus la force de persévérer. Une écoute sincère et bienveillante sont pour moi les clés pour s’en sortir, doucement mais surement.
    Merci Laura!

    1. merci Hérade, c’est très juste ce que tu dis : quand on va très mal, on a généralement déjà tout essayé. Et si la solution miracle existait, on l’aurait déjà trouvée 🙂 J’espère que tu vas bien maintenant.

  4. Merci pour cet article. En effet avoir un proche qui fait face à un burn out, n’est pas facile à gérer. Mon mari en a fait un, et comme il est écrit dans l’article seul celui qui le fait peut agir. Les signes étaient là, mais il n’était pas prêt à écouter ma parole, ce n’est que lorsque son corps a émis des signes qu’il a enfin vu un médecin. Je n’ai rien pu faire, ou plutôt tout ce que j’ai du faire cela été de soutenir seule notre foyer pour qu’il guerisse dans son coin au calme. Etre présent si l’autre en a le besoin, sinon faire en sorte de créer un environnement propice à la guérison. Je n’ai pas ressenti de honte (nous avons eu d’autres proches touchés donc c’est un sujet qui n’est plus tabou). Mais c’est vrai que c’est une bombe, même pour les proches et que l’après est différent.

    1. Bonjour Aude, merci pour ton partage. Tu dis quelque chose de très vrai dont je n’ai pas parlé dans l’article : soutenir l’autre, ça peut aussi vouloir dire « assurer le quotidien de la famille » quand il a besoin de temps pour aller mieux. Je n’ai pas encore d’enfants, mais j’imagine que c’est beaucoup de boulot d’en avoir, et encore plus de devoir gérer seule pendant une période. Alors bravo pour ce que tu as fait, et j’espère que désormais tout le monde va pour le mieux chez toi 🙂

  5. « Aider un proche qui n’en aurait pas conscience », oui, c’est un article bien utile car c’est une situation que j’ai rencontrée malheureusement. Les pistes que tu proposes sont évidentes lorsqu’on lit ton article, mais lorsque j’ai été confrontée au problème pour la première fois, ça n’était pas évident du tout de trouver la bonne attitude. D’autant que le médecin n’y est pas toujours ouvert non plus, ça n’aide pas !
    Une raison de plus pour te remercier pour cet article qui me conforte dans la démarche.

    1. Bonjour Corinne, merci pour ton message qui me touche beaucoup. Je n’ai découvert toutes ces pistes qu’en analysant la situation a posteriori, sur le moment mes proches se sont trouvés aussi bien démunis je pense, enfermés dans leur peur d’être maladroit. Je crois que dans ces moments là, la communication est une clé : dire à l’autre qu’on ne sait pas quoi faire pour aider mais qu’on est là, juste là. A bientôt Corinne et prend soin de toi

  6. Très bel article sur le burn out. C’est vrai que l’entourage peut se sentir démuni face à quelqu’un en situation de burn out. Et comme tu dis, rester là et si on ne sait pas quoi dire, écouter ou juste être là. C’est essentiel.

    1. Merci Yseult pour ton commentaire. On sous estime souvent le pouvoir de l’écoute, trop occupés qu’on est à chercher quoi dire, n’est ce pas ? 🙂

  7. Bonjour Laura,
    Ton article fait écho à mon expérience personnelle, avec un gros surmenage professionnel qui ne s’estompe qu’avec le temps (depuis 1an et demie!). Voir des amis s’enfoncer lentement mais sûrement dans ce chemin douloureux est en effet très difficile. Pour ma part, je mets en place des rituels de bains de forêt, où les personnes se reconnectent à la nature (et à leur nature), grâce à l’effet apaisant des arbres.
    Merci!

    1. Bonjour Laura, merci pour ton commentaire. Ton approche me parle beaucoup, j’ai ressenti moi aussi un grand besoin de nature durant mon burn-out. Mon mec se moquait de moi, mais en bonne parisienne qui n’a pas beaucoup de verdure à portée de main, je suis pas mal allée me balader dans le cimetière de Montmartre !!

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