Comment gérer un arrêt de travail après un burn-out ? On parle d’arrêt de travail, ou d’arrêt maladie lorsqu’un médecin estime que l’état de santé d’un salarié nécessite qu’il s’arrête de travailler. Il délivre alors un arrêt de travail.
Dans le cas d’un burn-out, le diagnostic peut être compliqué et long à poser, d’autant plus que le burn-out n’est pas reconnu officiellement comme une maladie. Néanmoins, lorsqu’un médecin pose le bon diagnostic, un burn-out se termine souvent par une période d’arrêt de travail (ou d’interruption d’activité quand on est indépendant).
Lorsqu’on se retrouve ainsi stoppé en plein élan, après des semaines de surmenage, le choc est rude : on se retrouve soudain face à soi-même et cela peut-être une période compliquée à traverser. Dans cet article, je vous partage mes conseils pour gérer sereinement votre arrêt de travail après un burn-out.
L’arrêt de travail : le panneau stop du burn-out
Arrêt maladie : combien de temps ?
L’arrêt maladie est un sujet dont j’ai longuement parlé dans mon épisode de podcast avec le docteur Dreyfus, médecin généraliste dont je vous recommande l’écoute. Il m’a dit :
“ L’arrêt de travail, c’est comme une exfiltration d’un champ de bataille”.
Docteur Laurent Dreyfus
C’est en effet souvent le seul moyen d’arrêter le cercle vicieux du surmenage. C’est pour cela qu’il est recommandé de consulter rapidement un médecin quand on se sent au bord du burn-out. Lui seul est en mesure de vous faire un bilan de santé, de poser un diagnostic et éventuellement de vous proposer un arrêt de travail.
Quant à savoir combien de temps doit durer cet arrêt, la durée de cette période est variable. Parfois, il est d’abord recommandé de s’arrêter une semaine. C’est ce que j’ai vécu en octobre 2019, quelques mois avant d’être arrêtée beaucoup plus longuement. De mon expérience, une semaine ce n’est pas du tout assez. Lorsqu’on est dans un état d’épuisement avancé, on a besoin de temps pour se remettre sur pieds. Une semaine, cela ne permet pas de couper : on la passe bien souvent à angoisser pour le travail qui s’accumule en notre absence, en pensant à la façon dont on va devoir rattraper le retard alors qu’on est épuisé. Cela peut donc même se révéler contre-productif !
Quelques semaines plus tard, j’étais arrêtée pour un mois. Cette durée initiale (qui a par la suite été prolongée pendant cinq mois en ce qui me concerne) m’a semblé être plus propice à un repos prolongé. J’ai réalisé que je n’avais pas d’autre choix que de “lâcher” les échéances professionnelles qui m’angoissaient.
Il n’y a pas de règle concernant la durée totale d’arrêt de travail lorsqu’on vit un burn-out. Mes recherches m’ont menées entre autre à cet article où la psychologue du travail Marie Pezegrenier explique que « l’arrêt maladie est en moyenne de 6 à 18 mois ». Dans notre interview, le docteur Dreyfus a parlé de minimum deux à trois mois pour se remettre.
Accepter un arrêt maladie : entre culpabilité et soulagement
Lorsque le médecin prononce les mots “arrêt de travail”, tout s’arrête soudainement. Souvent après des semaines à 200 à l’heure, entre fébrilité et hyperactivité. Il est alors normal d’éprouver un mélange de sentiments, entre la culpabilité et le soulagement.
Culpabilité et anxiété, car on a l’impression de laisser tomber son travail, ses collègues, d’être le maillon faible de l’équipe. Ce sentiment est souvent exacerbé chez les personnes les plus perfectionnistes, qui n’ont pas envie de s’arrêter car elles veulent prouver à tout prix qu’on peut compter sur elles. Cette anxiété peut conduire au déni. J’ai pour ma part laissé passer 5 longues semaines entre le moment où mon médecin a souhaité m’arrêter, et le moment où j’ai enfin accepté, à bout de souffle. On peut également ressentir de la honte, car on souffre d’un mal qui ne se voit pas, la souffrance est psychique et peut ainsi être mal comprise des autres. D’éventuelles remarques sur le fait qu’on “en profite” ou qu’on est “en vacances” contribuent bien sûr à nourrir notre culpabilité.
Il y a néanmoins un autre sentiment qui arrive généralement juste après avoir accepté l’arrêt de travail : le soulagement. Enfin, tout s’arrête et on peut souffler. Enlever son masque, cesser de faire semblant. Quand on est arrivé au bout de ses forces et qu’on offre enfin au corps l’espace pour se relâcher, quel soulagement ! En ce qui me concerne, c’est juste après cette mise à l’arrêt forcée que j’ai enfin dormi à nouveau après des mois d’insomnie.
L’arrêt de travail : toujours salutaire après un burn-out
Que vous l’ayez souhaité ou pas, que vous l’acceptiez ou que le choc soit violent, dites vous une chose : l’arrêt de travail est toujours salutaire après un épisode de surmenage. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas vous qui décidez, c’est le médecin. Quelqu’un dont c’est le métier de déterminer si vous êtes en état ou non de travail, et en qui vous pouvez avoir confiance.
Maintenant, que vous le vouliez ou non, c’est arrivé : vous êtes en arrêt de travail. Alors comment l’accepter ? Comment occuper ses journées ? Comment savoir quand est ce qu’on est prêt à y retourner ?
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Gérer un arrêt de travail pour burn-out : 4 conseils pour vous remettre sur pieds
Arrêt de travail : que dire à son employeur ?
Le premier objectif de l’arrêt de travail après un burn-out, c’est de vous extraire de la source du stress : le travail. C’est difficile à comprendre, mais en tant que salarié, votre entreprise survivra quoiqu’il arrive en votre absence : personne n’est irremplaçable. Vous êtes arrêté pour vous permettre de retrouver une bonne santé. Cela doit devenir votre objectif numéro un, devant le travail. Pour cela, il faut couper avec le travail à 100%. Alors on éteint son téléphone professionnel, on met une réponse automatique dans ses emails pour prévenir de son absence, et ensuite on éteint aussi l’ordinateur.
Tout le monde ne le sait pas, mais pendant votre arrêt maladie, l’entreprise n’a pas le droit de vous contacter. Ne vous laissez pas convaincre de “terminer juste un dossier” : lorsque vous êtes en arrêt, vous n’êtes pas supposé travailler. Vous n’avez d’ailleurs même pas le droit, théoriquement, de vous rendre au bureau. De même, votre employeur n’a pas à savoir pourquoi vous êtes arrêté. Vous devez simplement l’informer de votre arrêt et lui envoyer le justificatif, qui ne précise pas la raison.
Aujourd’hui, pourtant, cette étude Malakoff Médéric (Infléchir l’absentéisme maladie en entreprise de 2016) indique qu’un arrêt de travail sur cinq n’est pas respecté. Ce qui est dommage, car 39% des personnes n’ayant pas suivi le temps de repos recommandé disent ensuite le regretter.
Se reposer, se reposer et se reposer
La fatigue et les troubles du sommeil sont les symptômes les plus fréquents du burn-out. Si votre médecin a décidé de vous arrêter, c’est que vous êtes dans un état d’épuisement avancé. Vous reposer doit donc être une priorité. Pendant cette période, vous devez être votre unique priorité, en pourvoyant à vos besoins les plus simples : manger, dormir, respirer.
L’objectif est de récupérer de l’énergie petit à petit, de recharger vos batteries. Pour cela, rien de tel que de dormir dès que vous en ressentez le besoin, surtout si vous avez accumulé un manque de sommeil pendant votre burn-out. Dans cette phase de repos, votre corps, trop longtemps oublié, reprend le contrôle : laissez-le faire.
Même si c’est tentant, n’essayez pas de rattraper votre retard à la maison. Ne récupérez pas toutes les missions du quotidien (courses, enfants, repas, ménage…) sous prétexte que c’est pratique puisque vous êtes disponible. Considérez vous comme temporairement hors-service. Pour une fois, pensez à vous. Prenez ce temps pour vous, vous l’avez bien mérité. Et si vous avez un chat, n’hésitez pas à l’observer : ces bêtes n’ont pas leur pareil pour se reposer toute la journée sans culpabilité !
Entamer une reconstruction de soi et pour soi
La première chose à faire pendant son arrêt maladie, c’est donc… de ne rien faire ! Le repos, c’est arrêter de vouloir faire pour se contenter d’être et de ressentir.
Après quelques jours ou semaines de repos complet, vous allez probablement commencer à vous sentir un peu mieux. C’est peut-être le moment de reprendre quelques activités…pour vous. Concentrez vous sur ce qui vous fait plaisir, sans jamais vous forcer. Peut-être l’occasion de tester des activités corporelles comme le chant, la danse,… Ou simplement d’occuper vos mains avec de la peinture, ou de la pâtisserie. C’est reposant, gratifiant, presque méditatif.
C’est également le bon moment pour commencer un travail en profondeur. Un psychologue par exemple peut aider à comprendre nos mécanismes de fonctionnement, et à changer certains comportements.
Une opportunité unique de prendre du recul
Personne, et surtout pas une personne ultra engagée dans son travail jusqu’à s’en rendre malade, n’accepte un arrêt maladie de gaieté de coeur. Néanmoins, lorsque c’est arrivé, il peut être intéressant de changer de regard sur cette étrange période, qui peut devenir une opportunité unique de mieux se connaître…et de changer le cours de sa vie.
Je suis convaincue que, derrière chaque épreuve, se cache une leçon de vie. Et malheureusement, lorsqu’on ne prend pas le temps de la comprendre, elle nous revient souvent en pleine tête. Sous une autre forme, à un autre moment. L’arrêt de travail est donc une très bonne période pour comprendre cette leçon, ce qui nous y a mené, et comment nous pourrons éviter de retomber dans les mêmes pièges à l’avenir.
Quant à la culpabilité, qui ne manquera pas de revenir frapper à la porte de temps en temps pendant votre arrêt maladie, je voudrais vous dire une chose : l’arrêt de travail n’est pas une histoire de volonté, mais de capacité. Et ce n’est pas vous qui l’avez décidé, mais un médecin dont c’est le métier : vous n’êtes temporairement pas en capacité de travailler.
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Après un arrêt de travail : construire son nouveau départ
L’erreur la plus fréquente
Je voudrais vous parler d’une erreur fréquente à laquelle je n’ai moi même pas échappé. Je parle de l’envie de repartir à toute vitesse dans le tourbillon de la vie dès lors qu’on a repris un peu de forces. C’est ainsi qu’après deux semaines d’arrêt de travail, euphorisée par mon sommeil retrouvé, je me suis lancée dans plusieurs nouvelles activités. Tout d’abord du bénévolat pour une association, puis un coup de main à une amie sur son projet entrepreneurial… Sans m’en rendre compte, j’étais à nouveau en train de remplir mon agenda du matin au soir. Certes, avec des activités qui me faisaient vibrer, mais ce n’était pas suffisant.
J’ai eu un nouveau coup d’arrêt en le réalisant, et un véritable sentiment de découragement : quand est ce que tout ça va s’arrêter ? Vous êtes le seul à connaître cette réponse au fond de vous. Lorsqu’on vous serez prêt à avancer vers la suite, vous le sentirez. En attendant, laissez votre énergie revenir doucement, à son rythme, sans brusquer les choses.
Le retour au travail
Plusieurs semaines d’arrêt ont passé, et vous le sentez, c’est le bon moment pour vous de reprendre une activité professionnelle. A ce moment-là, plusieurs options s’offrent à vous. La première d’entre elles est de retourner dans votre entreprise.
Souvent, cette option fait peur. Lorsque je suis retournée au travail après un mois d’arrêt, j’ai senti au fond de moi, viscéralement que je n’arriverais pas à reprendre mon poste sans craindre que tout recommence comme avant.
Néanmoins, il n’y a pas de fatalité sur ce sujet : si on veut reprendre son poste, il faut que les choses changent. Du côté du salarié, mais aussi de l’employeur. Et on peut alors espérer retrouver la sérénité dans la même entreprise. C’est l’histoire très inspirante que m’a partagée Laura dans cet épisode de podcast. Elle a repris le chemin du travail et y est aujourd’hui très épanouie. Si cette option vous paraît la meilleure pour vous, n’hésitez pas à écouter ses conseils !
La reconversion professionnelle
Le burn-out est souvent le fruit de la rencontre explosive de plusieurs facteurs, dont parfois une perte de sens au travail. On ne comprend plus pourquoi on occupe ainsi nos journées, on ne trouve plus d’intérêt et de sens à nos missions, et on réalise qu’on s’est trompé de voie.
L’après burn-out est aussi l’occasion de s’interroger sur ses aspirations profondes, et cela peut nous conduire sur la voie de la reconversion professionnelle, pour choisir une voie plus alignée avec ce qu’on est, nos valeurs et nos rêves.
Il existe de nombreux outils pour explorer cette voie passionnante de la reconversion, comme le bilan de compétences avec un coach ou le programme digital Chance que j’ai expérimenté et que je recommande chaudement.
Quelle que soit la direction que vous prenez après un arrêt maladie pour burn-out, ce que vous avez vécu ne sera jamais effacé. Il nous reste une cicatrice, et j’ai personnellement fait le choix de la porter fièrement, comme un rappel des limites que je ne veux plus dépasser. Vous êtes, nous sommes, de fabuleux guerriers.
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Merci beaucoup pour cet article dans lequel je m’y retrouve à 100%.
culpabilité, honte, difficulté à accepter de ne rien faire, peur du jugement des autres, etc.
Apprendre à avancer à son rythme et s’écouter. C’est là-dessus que je travaille le plus.
Hello Nath, merci pour ton commentaire. Se connaître soi même, et s’écouter, ce sont les leçons d’une vie n’est ce pas ? 🙂 Belle journée
Merci Laura, pour cet article très juste sur le pendant et l’après burnout.
Le burnout, ce trouble invisible, qui nous marque par sa violence, parfois de la honte, parfois de la culpabilité, et souvent une forme de déni qui nous pousse à dépasser encore et toujours nos limites. J’espère que ton article aidera tes lecteurs à ne pas replonger. Bravo à toi pour ta prise de recul!
Hello Hérade, merci pour ton petit mot qui me touche beaucoup. Un an après, je suis tellement heureuse du chemin parcouru et de pouvoir aider les autres. Même s’il me reste encore beaucoup à apprendre 🙂 A très vite
Merci pour tous ces conseils précieux, Laura ! J’ai beaucoup le fait que tu parles du burn-out comme une opportunité finalement positive… parfois on a besoin d’un gros coup sur la tête pour se rendre compte qu’il y a des choses à changer pour vraiment être heureux et s’épanouir pleinement. Finalement, on se rend compte que c’était une chance 🙂
Hello Aline, c’est tout à fait le sens du « cadeau » mal emballé en effet 🙂 Belle journée à toi
Je peux témoigner de cette culpabilité soulageante (un sentiment assez étrange et écartelant)
Mais il faut passer par là. Je suis d’accord. Je suis en arrêt depuis 1 an 1/2 et je ne compte pas retourner au travail. J’ai lentement remonté la pente, très lentement.
Le moment où j’ai pu prendre la décision de ne pas retourner au travail a été un déclencheur de mieux être
Avec un projet de reconversion et un travail profond sur la connaissance de moi-même. C’est en menant les 2 en parallèle que je m’en sors maintenant.
Hello, merci pour ton commentaire. Tu as raison c’est une « culpabilité qui soulage », il faut l’avoir vécue pour la comprendre 🙂 1 an et demi cela te semble beaucoup aujourd’hui, je le comprends, mais à l’échelle de ta vie entière ce n’est que peu de temps, et tu en as profité pour faire un pas de géant dans la connaissance de toi-même alors : félicitations !
Bonjour Laura, merci pour cet article et ce partage. C’est toujours triste de lire que beaucoup de personnes vivent cette situation et ce mal-être. Néanmoins merci de montrer que c’est possible de s’en sortir et de repartir vers des projets plus heureux :-). Si ça ne te dérange pas de me répondre, avais-tu pris conscience de ce burn-out? Avais-tu senti les premiers signaux envoyés par ton corps? Merci. Marie
Bonjour Marie, merci beaucoup pour ton commentaire. Je n’ai malheureusement pris conscience que très tard de ce qui se jouait, car j’en avais très peur. J’ai raconté mon histoire plus en détails dans cet article si cela t’intéresse : https://uncadeaumalemballe.com/mon-temoignage-de-burn-out/ Je te souhaite le meilleur !